Les origines du pékinois




Bien que de petite taille, pas plus de 25 centimètres au garrot , le Pékinois vous laisse l’étrange impression de lui être inférieur, car vous ne pouvez supporter son regard intense, curieux et énigmatique.

Chien de race pékinoise, chien de l’Empereur Céleste, la légende veut qu’il soit le fruit d’un amour insolite entre une douce guenon et un lion. Le lion était à tel point amoureux de la guenon qu’il décida de demander l’aide du mage Hai-Ho. Ce dernier proposa au lion de le réduire à la taille de sa bien-aimée tout en gardant sa dignité et le courage de sa race. C’est ainsi que naquit le Pékinois ou chien lion, ou encore chien de Fu Lin.

De la mère, les descendants gardèrent le museau sombre, et du père, la beauté de la robe et la dignité du regard et du caractère. A la fin du XIXe siècle, le Pékinois était un animal sacré, à tel point que quiconque osait le tuer ou le voler était puni de la peine de mort.

Dans l’enceinte du palais impérial, tout était divin et mystérieux. On murmurait que des esclaves étaient préposés au service des chiens de Fu Lin et, que parmi eux, des femmes étaient même obligées d’allaiter les chiots.

La ressemblance du Pékinois avec le lion le plaçait parmi les animaux élus car le lion est le symbole du bouddhisme. On l’appelait aussi  chien de manchon du fait de sa prédilection à se faufiler dans les manches des kimonos des dames du palais. Il se renouvela au cours des siècles et l’on sait qu’il fut sélectionné avec le plus: grand soin, même si les livres généalogiques n’existent plus.

Un chien semblable était élevé par moines tibétains, dans leurs monastères situés à 3 000 mètres d’altitude. Mais ces chiens se différenciaient de ceux de Pékin par leur taille plus robuste et une robe complètement noire. Une tache noir argenté sur le front était particulièrement recherchée car elle était le symbole du bouddhisme. Encore aujourd’hui, certains chiots naissent avec cette tache sur le front. Parce que le croisement avec d’autres races était interdit, le chien Pékinois ou chien lion ou encore chien de Fu Lin a pu conserver intactes, au cours des siècles, certaines caractéristiques. Avec la chute de Pékin en 1860, les premiers chiens Pékinois arrivèrent en Angleterre.

L’histoire antique du chien Pékinois est souvent accompagnée de légendes et nombreuses sont les versions sur la manière dont furent menées les premières exportations.
En revanche, il existe de nombreux documents sur les noms des premiers propriétaires et éleveurs.

D’autres importations de la Chine, ayant eu lieu de façon plus ou moins légale, permirent d’accroître le nombre de sujets à tel point que les passionnés décidèrent de fonder le Club du chien Pékinois en 1898. Ses fondateurs furent G. Brown, Lof tus Allen, Albert Gray, Lilbum MacEwen Tomkins, Strick et Ashton Cross.

Le ministre des Affaires chinoises à Londres, Sir Halliday McCartney, ainsi que le baron Speck von Sternberg, ministre allemand à Pékin, contribuèrent pour beaucoup à la rédaction du premier standard, avec l’aide des importateurs eux-mêmes. En outre, le ministre allemand avait obtenu un permis spécial pour fréquenter le palais et observer les techniques d’élevage des chiens Pékinois impériaux. Le premier chien Pékinois présenté à une exposition canine s’appelait Pékin Peter et fut présenté à l’exposition de Chester.
Le standard se proposait de diriger l’élevage vers la production de sujets petits mais robustes, avec une structure massive et un poids maximum de 10 livres (environ 5 kilos).
L’impulsion donnée par le Club à l’élevage fut considérable et le chien Pékinois fut alors très recherché, même par des personnes peu scrupuleuses qui utilisèrent des sujets rejetés
par les éleveurs pour obtenir d’eux des chiots à des fins purement commerciales.

Le standard fut modifié, par vote de la majorité des membres du Club, et le poids établi pour un sujet idéal fut alors de 18 livres (environ 9 kilos). La multiplication des élevages avait provoqué l’intrusion de sujets très éloignés du chien Pékinois d’origine. Pour cette raison, certains membres du Club donnèrent leur démission en 1908 et fondèrent le Pékin Palace Dog Association qui rétablit le poids original de 5 kilos. En 1911, avec la mort de l’Impératrice mère Tzu Hsi et la révolution qui suivit, le long règne des Pékinois en Chine prit fin.
Les fonctionnaires de la cour, par peur que les chiens impériaux ne finissent entre des mains indigènes, les éliminèrent tous.

Eteinte dans son pays d’origine, la race était désormais bien enracinée en Angleterre et en Irlande et, de là, se répandit dans les autres pays européens, en Amérique et en Australie. En France, le Club du Pékinois et du Japonais a vu le jour en 1924, à l’initiative de la baronne de Bondelli. On compte environ 350 naissances par an, ce qui est beaucoup
car une portée compte seulement deux à trois chiots en moyenne.
En 1992, le nombre de toutes les inscriptions provisoires au Livre des Origines Français (LOF) était de 708 (240 confirmées). Ce chiffre est effectivement très loin des 20000 sujets inscrits au Royaume Uni, mais néanmoins, la race reste stable.

Extrait des éditions De Vecchi